L’exposition

 
 

Une installation immersive monumentale: 64 tableaux, 150 mètres de cimaises, 25 mètres de diamètre.

 
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LaCitédelaMer_vues extérieures 3 ©B.ALMODOVAR.jpg

Images drone par Jérôme Houyvet

 

L’Homme Pressé

S’il n’est plus un jouvenceau, Michel Larivière semble vivre un éternel printemps. Il possède une énergie juvénile inépuisable. Et une infatigable curiosité pour les êtres, les choses, les théories et systèmes de pensée les plus divers.

En témoigne son parcours de vie et de création, de l’opacité rigide et froide du métal industriel (on songe au berceau créatif de Jean Prouvé), à la légèreté évanescente de l’aquarelle dont il est un maître reconnu, en passant par la représentation des symboles, le dessin des foules fraternelles, jusqu’à la gestuelle aveuglante et malicieuse du prestidigitateur qu’il maîtrise à merveille. D’aucuns, jadis, le prirent même pour un sorcier.

Cette curiosité tous azimuts l’a conduit à explorer d’innombrables formes de la connaissance, du monde autant que de soi-même. Il a soif de rencontres, de savoirs, de partages. Avant tout, c’est un homme, un artiste, libre, sans dogmes ni à-priori.

Il dévore la vie et le monde qui l’entoure à 200 à l’heure. Cette dynamique profonde le pousse à l’action autant qu’à l’introspection, à la spéculation au sens philosophique et initiatique du terme. C’est ainsi que son chemin à toute allure croise un beau jour l’un des grands livres de la civilisation chinoise millénaire : le Yi-King. Et c’est une révélation...

Michel Larivière s’engage dès lors dans une démarche érudite autant qu’émerveillée et pleine d’allégresse : “bien faire et se tenir en joie”, la devise de Spinoza, pourrait être aussi celle de Larivière.

Le Yi-King est un ouvrage fondateur qui se présente au premier abord comme un jeu, avec ses réglettes que l’on tire au sort avant de les assembler en séquences... et nous entraîner dans la profondeur des âges, passés et futurs.

Au questionnement intérieur, gardé secret ou avoué, les réglettes choisies au hasard et rigoureusement agencées renvoient au livre et à ses prédictions. Il est d’ailleurs “questions” plutôt que “réponses”, il ouvre les portes de nos intelligences pour nous aider à forger des explications, à deviner notre voie... il mène à une compréhension du monde plutôt qu’à une définition de celui-ci.

Le Yi-King devient pour Larivière inspiration, accomplissement ; il nourrira son Grand œuvre.

L’intuition première (traduire en couleurs, on pourrait même dire un peu trivialement en code couleur, les 64 hexagrammes, dont la forme graphique initiale est en noir et blanc), se trans- forme en jaillissement chatoyant pour donner à voir et à comprendre au plus grand nombre cet ouvrage initiatique et hermétique.

 Car Michel Larivière est un artiste du partage. Il se défie des chapelles, des écoles, académiques ou modernistes. Son œuvre est savante mais sait rester vivante et spontanée.

Emporté par son élan, il ne lui aura fallu que neuf mois, le temps d’une gestation, pour achever ce cycle majestueux qui s’inscrit dans la tradition des grandes œuvres sérielles (Arcimboldo, Monet, Warhol, Sol Le Witt, Claude Viallat...).

Pour les 64 tableaux de grand format qui en résultent, Larivière a conçu une installation spectaculaire de 25 mètres de diamètre, qui déroule en un jeu de courbes et contrecourbes une cimaise de 150 mètres de long ; elle dessine la forme bien connue du Yin et du Yang.

Un véritable espace de méditation mais aussi de découverte et de compréhension des mystères multi- séculaires du Yi-King. Il en souligne ainsi la portée universelle. Son titre : Le Tao de la couleur.

Le sprinter aux horizons multiples qu’est Michel Larivière, toujours pressé et impatient, prouve ainsi, à travers cette œuvre et cette installation sans aucun équivalent, qu’il est aussi un coureur de fond au souffle puissant, nourri par les vents et les vagues de l’océan primordial qu’il contemple au quotidien. Notre matrice originelle.

C’est l’exposition révélée pour la première fois dans cette Cité de la Mer qui fût la plus grande gare maritime d’Europe, en un temps où les ailleurs se découvraient en naviguant par delà les mers, jusqu’à l’Orient lointain, peut-être éternel... 

Olivier Binst, commissaire de l’exposition


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